Un décembre en champagne

Alors que le calme est revenu dans les caves après une activité commerciale intense. J'ai pris le temps d'arpenter le vignoble pour me ressourcer et retrouver une sérénité en venant "tâter du terroir". Mon appareil photo à la main j'ai pu immortaliser quelques instants qui m'inspiraient.

Les conditions claires et froides ( -10°C ce matin au reveil) de ces derniers jours sont un temps idéal pour les sols et les hommes également.

Le clocher de Venteuil perdu au milieu des vignes

Le lieu dit"les pommiers" et sa pente à 30 %.

(Il y a bien longtemps que la vigne a remplacé les pommiers).

Un cep de Pinot Meunier déjà taillé qui attend sagement le printemps


Pour ralentir le propagation des maladies des bois (esca notament), les charpentes sont ramassées et brulées. Les plus chanceuses termineront dans les barbecues de cet été.


Quand la brume matinale n'est pas encore levée


Les nuées de sansonnets se gavent de raisins oubliés avant de partir.

Un dernier souvenir d'un petit épisode neigeux survenu dans le mois.

Au matin, une couronne blanche domine la vallée.

La noirceur d'un corbeau dans le ciel bleu.

Une grappe juste avant les grosses gelées.

Je termine ce billet photographique en souhaitant aux lecteurs de ce blog une joyeuse et heureuse année 2009 faite, je l'espère, de découvertes gastronomiques et oenologiques.

Citation dans Le Point.

Le traditionnel numéro spécial champagne vient de sortir avec toujours à la baguette le spécialiste Jacques Dupont. Son analyse très pointue et réaliste du monde du champagne prouve une fois de plus que ce journaliste aime les vignerons et leur univers.

Près de 800 champagnes dégustés pour n'en retenir que quelques uns.

Voici ce qu'il dit de nous:

16/20 - Brut Réserve. Doré soutenu, nez épicé, fruits confits, bouche ronde, dense, épicée, long, fin délicat, crémeux, dense, très long.

15/20 - Brut Blanc de blancs. Nez fruits blancs, pomme mûre, pas très ouvert, bouche bien ronde, douce, très savoureuse, amande, grillée en finale, bien structurée.

déjà 10 jours ...

Le mercredi 3 décembre 2008 à 14 h 17, notre petite famille s'aggrandissait d'un membre. Adrien a vu le jour, en cette période de "pré-noël". Hélène se repose (essaye tout du moins) et le bébé se porte comme un charme.

Cela fait déjà 10 jours et je prends seulement maintenant le temps de l'annoncer sur ce blog. Durant cette période traditionnellement "speed", entre étiquettage, préparation des expéditions, livraisons et réception des clients sur l'exploitation, je me suis retrouvé chamboulé par ce cadeau de Noël avant l'heure. Je commence maintenant à retomber sur terre et à profiter du bébé.

Heureusement, que mes parents toujours très actifs, mais théoriquement en retraite, étaient la pour m'épauler. Maman au bureau à répondre aux nombreux coups de fils des clients (on ne va pas se plaindre en cette période économique troublée), papa aux livraisons de champagne, et moi un peu partout entre la maternité et l'exploitation.

Pour terminer, Célestin, le grand frère qui a 3 ans et demi, a déjà pris la décision qu'il emmenera son petit frère suivre papa à la cave avec lui.

2008, Millésime en devenir ...

Cette photo prise devant l’exploitation, témoigne du temps que nous connaissons depuis quelques jours : c’est à dire un vrai temps de novembre, où il est difficile de percevoir l’autre versant de la Vallée de la Marne, un plafond bas et quelques bruines régulières. Un coup de vent la semaine dernière a fait tomber les feuilles, mais il reste quelques vieilles résistantes ci et là.

Je profite alors, de ce dimanche gris pour revenir sur la saison qui vient de s’écouler et décrire ainsi le millésime 2008 qui fera date.
Lorsque j’annonce aux clients que le 2008 sera certainement un grand millésime, ils me regardent souvent avec de gros yeux ronds. Ils ont en effet en mémoire un été humide, mitigé et frais. Je leur dis qu’ils ont raison, mais qu’une somme d’éléments climatiques particuliers, ont permis à la vigne d’exprimer pleinement son potentiel.

Nous avons tout d’abord eu la présence d’un vent ou d’une brise durant tout l’été. Cela à permis de sécher rapidement les rangs de vignes après les averses. Les maladies ont alors pu être correctement maîtrisées. Malgré les fréquentes pluies de juin et juillet, seulement 8 traitements m’ont permis d’amener les raisins jusqu’au pressoir dans un état sanitaire parfait (ceci est un exemple de la viticulture raisonnée que mes collègues et moi, vignerons pratiquons depuis quelques années).
Les nuits fraîches d’août et de septembre permirent de maintenir élevé l’acidité alors que les raisins profitaient au mieux des quelques rayons de soleil pour faire monter la concentration en sucre.
Et la cerise sur le gâteau fut la période des vendanges qui ce déroula dans d’exceptionnelles conditions de sec et de soleil. Cela nous a permis d’élaborer un circuit de cueillette idéal et précis.

La moyenne analytique des moûts se situe a 10 ° d’alcool probable et 9 g/l d’acidité total.
On est alors proche du score parfait de 10 sur 10 que nous avions connu lors de l’exceptionnelle année de 1996.
Le pH de 3, voir moins, sur certains moûts augure d’un bon potentiel de vieillissement.

La dégustation des vins après fermentation confirme nos espoirs. Les vins sont droit porté par une belle dynamique acide. On retrouve un beau fruit presque croquant dans les plus belles cuvées. Chaque cépage a tiré son épingle du jeu pour développer leurs caractéristiques.

batonnage des barriques

avant

après

En ce moment, la plupart des cuves font leurs fermentations malo-lactique, et je suis pratiquement certain de mettre en cave pour le printemps prochain un millésime 2008, ainsi que de magnifiques brut sans année.

couleurs d'automne

46 ans de service ...

Après 46 années de bon et loyaux service, la décision à été prise d'arracher les 23 ares 50 de la parcelle "la range carrée". Ce n'est pourtant pas la plus vieille vigne de notre exploitation, mais celle-ci présentait un état de fatigue avancée. Avec sa vieille installation de piquet tout rikiki, ses fils rouillés, mais surtout ses pieds de vignes noueux et rallongés pour certains de plusieurs mêtres pour compenser les pieds manquants en amont et en aval, elle était au bout du rouleau.

On a alors, retiré les fils, coupé les charpentes au ras de la souche, brûlé les sarments et enfin sorti les piquets de terre.

Une petite vidéo du brûlage.

Jean-Charles (mon beauf) est actuellement dans le terrain avec sa grue pour arracher les souches, découpacter la terre et reniveler la surface.

La vendanges 2008 en photos

Voici un petit tour en photo de la vendange 2008. Celle-ci restera dans nos mémoires comme une grande année : aucune goutte de pluie durant toute la vendange. Des raisins sains avec des degrés et des acidités parfaites. On est en route pour un très joli millésime.

Il est intéressant de noter que cette année, les 3 cépages champenois sont beaux et aucun n'à pris le dessus sur les autres. Ces propos ne sont que des premières impressions, puisqu'à l'heure ou j'écris ces lignes l'ensemble de la cuverie est en pleine fermentation. La vinification, ne fait que commencer. Nous aurons une idée plus précise de la qualité des vins dans quelques semaines.

Une belle caisse de raisins des "plates pierres" : cette parcelle de 1 ha 35 est plantée pour moitié de pinot noir et de chardonnay.

Toujours des chardonnays, mais ceux-ci viennet des "pommiers" : c'est le nom de la parcelle ...
Au guidon du chenillard, Jean-Charles maitrise la descente.

Le hordon de vendangeur

Chargement du pressoir : les 4000 kilos sont chargés en 10 minutes à 3 personnes.

Voici, la bête. Ce pressoir n'en a pas l'air, mais il vient d'effectuer sa 18ème vendange.

Mon petit célestin à la manoeuvre en cuverie pour débourber les moûts.

Sur les 3 précédentes photos, un petit échantillon de notre équipe. Sur ces clichés, ils ne sont pas forcément à fond.

Sans oublier, les cuisinières au travail pour nourrir ces bouches affamés.

Et enfin : l'équipe de débardeur et de pressureur au complet . Pour la photo, ils posent juste derrière le pressoir devant les vignes.

De gauche à droite :

Guy Grumier : mon père, Alain, Bernard et ses 35 vendanges au champagne Maurice Grumier, Sylvain pour sa trentième vendange (pas mal non plus), Dany, Nicolas (mon cousin), Guillaume le stagiaire, Moi, Jean-François le martiniquais, spécialiste en ti-punch, Jean-Charles (mon bof), Romain (chef pressureur), Daniel (responsable des pesées de raisins :les comptes sont toujours juste et précis).

Devant Jean-Charles : Célestin toujours aussi peu docile pour poser devant l'objectif.

Le 18 comme prévu

Ca y est, les derniers prélèvements ont été réalisés ce matin, Nous avons enfin décidé de la date précise et du circuit de vendanges que nous effecturons cette année. Les premiers coups de sécateur se donneront mercredi après midi avec une petite équipe pour cueillir une vieille parcelle de Pinot-Meunier sur Festigny. Cette parcelle de 45 ans plantée avec des portes greffes 3309 à toujours été sensible au Botrytis (pourriture grise) et ne peut pas attendre.

Le grand départ avec l'équipe au complet, soit 30 cueilleurs, aura lieu le lendemain matin toujours dans les meuniers de Festigny ainsi que ceux de Chavenay (pour une journée toujours dans une très vieille vigne présentant une exceptionnelle maturité). Nous reviendront ensuite couper les Chardonnays de Venteuil. Nous finirons comme bien souvent avec les Pinots Noir qui prennent toujours plus de temps pour mûrir.

Les degrés actuellement oscillent entre 10,2 et 8,8 selon les cépages avec toujour une acidité relativement élevée. Cela présage un très beau millésime bien équilibré. Tout cela reste à confirmer lorsque les premiers jus couleront réellement dans les belons.

Guide Hachette 2009

Voici ce qu'a écrit le Guide Hachette 2009; concernant nos deux cuvées Amand et Aline qui obtiennent toutes les deux une étoile.

"Une exploitation de 8 ha implantée à Venteuil, joli village dominant la vallée de la Marne. Voici quatre-vingt ans que les Grumiers élaborent du champagne ; leur deux cuvées de prestige, vieillies en fût de chêne, rendent hommage aux couples des fondateurs. Née des vendanges 2003 et 2002, la cuvée Amand assemble deux tiers de chardonnay et un tiers de pinot noir. Elle atteint sa maturité et ne demande qu'à passer à table. Assez complexe, elle développe en bouche des arômes de café.

La Cuvée de la fondatrice Aline demi-sec résulte d'un assemblage identique, mais dosé en demi-sec. Le jury apprécie la complexité de sa palette florale et fruitée (pêche, fruits confits, fruits exotiques), son côté gourmand et son dosage parfaitement maîtrisé : une étoile également."

Que ça change !!!

Ce week-end, c'était le retour de vacances, et un redémarage à la vie très active en Champagne. A peine les valises posées et les souvenirs d'un séjour sur la côte atlantique dissipés, que j'étais déjà dans les galipes pour observer le changement sur les raisins durant ces 10 jours d'abscence.

Les résultâts ont plutôt encourageants et de bon augure pour la récolte à venir. En effet les pinot noirs et meuniers ce sont bien colorés, Les chardonnays commencent à prendre leur belle teinte dorée. Je remarque avec plaisir que l'état sanitaire est parfait avec l'abscence quasi totale de la pourriture grise et le feuillage reste bien vert pour terminer la maturation. Même les grappes qui ont subies la coulure de juin ce sont bien remplumées, même si, sur certaines parcelles, le poids moyens des raisins sera faible.

Cet appareil dans lequel je regarde est un refractomêtre. Il permet de determiner approximativement le degré d'une goutte de jus que l'on à placée sur une plaque au bout de l'appareil.

Voici la vue que l'on a, à l'intérieur du refractomêtre : pour cette grappe de pinot noir, le degré est de 8,2 °.

Au détour d'un chemin, je rencontre un collègue vigneron qui n'est pas parti durant le mois d'aout. Il à put réaliser des prélèvements de raisin au sein du réseau matu. Le degré moyen s'est bien élever pour osciller entre 7 et 7,5 degré selon les cépages au 30 aout. Les acidités restent pour le moment élevés. Cela présage d'un belle équilibre lorsque les vendanges commenceront dans un vingtaine de jour.

couic-couic

Julien Et Florian effectuent un second passage avec la cisaille sur la Parcelle de L'Hermitage. Les chardonnays profiteront maintenant aux mieux des rayons de soleil. Celui-ci est revenu depuis quelques jours sur la Champagne et nous fais le plus grand bien : à nous, comme aux vignes.

Un été aux Galipes

Cela fait plus d’un mois que je n’est rien écris sur ce blog !!! Il faut absolument que je m’y mette afin de vous faire partager un été aux Galipes (les vignes en champenois…).

Fin mai et durant tout le mois de juin, c’est le relevage et le palissage. Des travaux très importants, ou l’on met en place la treille. On place les brins, on aère les grappes dans le but de faire se développer au cœur du feuillage un lieu de vie le plus sain possible pour le développement des grappes.

Le temps n'à malheureusement pas été de la partie, puisque nous avons réalisé ces travaux souvent sous la pluie avec les imperméables et les bottes. Bref... pas les meilleurs conditions pour travailler. Par contre, les conséquences de ce mauvais temps, ont provoqué une pousse lente de la vigne qui nous à permis de suivre le relevage et le palissage correctement. Nous sommes passés de nombreuses fois dans les vignes, parfois pour repasser seulement quelques brins. Le travail réalisé est donc de belle qualité.

Une petite coupe juste pour rafraichir ...

Et voilà une belle vigne bien droite et bien verte !!!

Depuis maintenant 3 semaines, nous passons chaque parcelles à la cisaille. Durant ce passage, les entre cœurs sont coupés, dans le but de garder toujours un feuillage sain. Les feuilles touchées par le mildiou sont aussi enlevées. Ce passage peut se retrouver plus efficace qu’un traitement au tracteur.

Concernant les traitements phytosanitaires, j’ai réalisé le 7ème hier. Un dernier sera appliqué vers le 10 août. Ensuite il faudra s’en remettre au bon vouloir du soleil.
Seulement 8 traitements aurons été nécessaire cette année pour conserver un bon état sanitaire dans les vignes. C’est relativement peu au vu du temps pluvieux que nous avons connu en juin et début juillet. J’ai heureusement pu les faire à chaque fois au bon moment avant les pluies contaminatrices. Le temps passé dans les vignes à observer l’évolution des raisins et du feuillage avec en parallèle des bulletins météo très précis, m’ont permis d’éviter 2 traitements cette année avec un résultat final identique.

Voici la bête qui me sert à faire d'éfficaces traitements

Une voute pneumatique avec son dédale de tuyaux (le tracteur est à l'arrêt car il a bien fallu que je descende pour prendre la photo).

Concernant la qualité générale de la récolte, il est encore tôt pour ce prononcer, mais cela semble plutôt bien parti (sous réserve de ne pas se prendre de catastrophe). Le soleil revenu depuis plusieurs jours fait grossir les raisins même si l'on observe sur les meuniers et quelques chardonnay des phénomène de coulure symptomatique d'une floraison difficile. A ce jour, je n'ai encore pas observé de grains vairé (commençant à ce teinter), mais çà ne devrait plus tarder.

On distingue très bien sur cette photo les petits grains coulés qui ne grossiront plus. Un mal pour un bien puisque les autres grains respirent mieux et s'épanouissent correctement.

Une baie à même réussie à grossir avec le capuchon floral encore collé.

Il faut noter que les parcelles de pinot meunier les plus froides ont connu une coulure bien plus importante et que les grappes ne comportent que 5 à 10 grains de taille normale. Sur celles-ci, le pressurage devra être méticuleux.

Espéront que le mois d'août sera sec et ensoleillé, nous seront alors parti pour un beau millésime.

Et revoila la Marnothérapie.

Nous voici revenu à l'heure de la grande chanson française avec un Richard Gotainer en VRP de la Marne et de la Champagne.

Avec son style poétique et décalé, il nous livre une chanson originale et engagée.

Je vous laisse écouter avec le lieu ci-dessous

http://www.dailymotion.com/video/x5lfpx_marnotherapie-richard-gotainer_music

Attention, cette chanson est partie pour se classé dans le top 51 pour un bon moment !!!!

Quand les bourgeons sautent

Depuis quelques jours, les travaux d'ébourgeonnage ont commencé. Nous retirons les brins et gourmands poussant sur les charpentes et éclaircissons également dans le pied afin de concentrer la sève dans les brins à fruit sur lesquels se trouves les raisins.

Ce travail autrefois très douloureux pour le dos, c'est un peu facilité depuis l'arrivée des chariots. Ils nous permettent de travailler assis (comme au bureau ...) et de nous préserver les reins.

Voici en image, l'ambiance qui règne dans le vignoble en ce moment.

Bon c'est promis, en rentrant ce soir au bâtiment, je met un goutte d'huile au chariot.

Premiers traitements

Ouf !!!

C'est ce que l'on à usage de dire lorsqu'on se sent rassuré ... Je m'explique :

Depuis plusieurs jours j'étais hésitant quand à l'application du premier traitement de la saison. Effectivement, les oeufs de mildiou étant mûres depuis plusieurs jours, ceux-ci attendaient les premières pluies pour provoquer les premières contaminations sur les feuilles.

Les bulletins météo annonçaient les premières pluies pour jeudi matin sur notre secteur, alors je pris la décision de faire mon premier traitement en préventif mercredi.

Et c'est la ou le Ouf!! prend tout son sens puisque les pluies arrivèrent bien ce jeudi. La vigne étant bien protégée, les premières taches de mildiou devront attendrent avant de faire leur apparition.

Cette photo, est une image d'archive de l'année dernière car les vignes ne sont pas encore arrivées à ce stade d'évolution.

Il ne faut, bien sûr, pas crier victoire trop tôt car la saison sera longue, à commencer par la semaine prochaine qui devrait être mitigé. La bataille du mildiou et de l'oïdium s'annonce ardue, mais nous remporterons ce combat par des traitements intelligent set réfléchis. La fréquence des passages ne sera pas forcement la clé de la victoire, mais le moment des passages après les observations dans les différentes parcelles du domaine sera primordiale. Pour info, l'an dernier, j'avais parfaitement contenu l'état sanitaire du vignoble avec seulement 7 traitements, là ou certains collègues en avait fait 10 ou 11.

Voici le point de vue de notre exploitation face à la Vallée de la Marne et du Château de Boursault.